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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/130

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filosofia nova

état) mon habitude change avec ma passion qui s’instruit.

Quelquefois l’habitude devient si forte qu’elle domine la passion même. Comme l’ambitieux qui a cherché à avancer par amour pour les plaisirs, et qui use dans la poursuite des honneurs l’âge de jouir.

*

On ne trouverait point d’identité enfin parce qu’il faudrait que les dispositions du corps, de l’âme et de la tête, se retrouvassent les mêmes précisément ensemble.

J’appelle disposition l’ensemble de la situation de toutes les parties d’un organe dont quelques-unes sont fatiguées et d’autres fraîches. Si j’ai ma maîtresse, que je ne joue plus la comédie avec elle, et que je me sois fatigué l’âme et la tête tout le matin à faire du sentiment, le soir je serai mal disposé au sentiment (ou fatigué pour le sentiment), je serai folâtre.

Plus une passion est forte, plus elle vainc les dispositions des trois petites parties de l’homme : le corps, la tête et le cœur.

*

Je suis peut-être l’homme dont l’existence est la moins abandonnée au hasard, parce que je suis dominé par une passion excessive pour la gloire, à laquelle je rapporte tout.