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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/150

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filosofia nova

s’était tué dans la prison : « Il m’a échappé. »

Un homme qui hait a le désir de tuer afin de se débarrasser de la peur, mais la vengeance se propose un triomphe que l’on ne peut plus exercer sur les morts.

Repentir est une passion (le mot passion est-il bien appliqué là, ne serait-ce pas plutôt un état de l’âme ?) produite par l’opinion vraie ou fausse qu’une action qu’on a faite n’est point propre à conduire au but qu’on se propose. Son effet est de faire quitter la route que l’on suivait afin d’en prendre une autre qui conduise à la fin que l’on envisage. Il entre de la joie dans le repentir, car c’est une joie que l’attente de rentrer dans la vraie route. Le reste est la peine, mais c’est la joie qui fera dominer sur la peine sans quoi tout y serait douloureux, ce qui ne saurait être vrai ou que celui qui s’achemine vers un but qu’il croit être bon et avantageux le fait avec désir, et le désir est une joie.

Espérance (état de passion) est l’attente d’un bien à venir par le désir du bonheur, passion toujours régnante, vrai moi de l’homme.

Crainte est l’attente d’un mal futur. Lorsque le moi voit successivement le jugement de l’esprit dont les uns lui permettent le bien et les autres le mal, si les raisons qui promettent le bien