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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/186

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filosofia nova

de la manière la plus naturelle possible, et cela est divinement amené dans don Quichotte (tome II, 166) lorsqu’ils sont dans l’hôtellerie. C’est une comédie parfaite pour être contée dans un livre.

Que le caractère comique soit le moins absurde possible. La croyance que don Quichotte a aux enchanteurs lui fait voir la vérité dans la suite de ses exploits : mais l’enchanteur mon ennemi l’a fait. Ce qui vaut bien mieux que s’il refusait de reconnaître la vérité. Outre que la croyance aux enchanteurs est moins absurde, c’est une fois fait.

Il y a un sourire d’approbation par lequel nous disons : bien, bien. Je l’ai souvent au théâtre quand je vois Talma, mais peut-être faut-il être surpris pour sourire ainsi, car il me semble que cela ne m’arrive pas aux fureurs d’Oreste où je m’attends à le trouver admirable. Ce qui me fait faire cette réflexion c’est cette phrase de don Quichotte « … il lui répondit en arabe… et lui ayant dit de le faire (de lever son voile) elle fit paraître tant de beautés que Dorothée la trouva plus belle que Luscinde, et elle parut aux yeux de Luscinde plus belle que Dorothée. » II, 189.

Cette belle vérité exprimée si agréablement (si finement) m’a fait sourire.