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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/192

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filosofia nova

montrer un caractère, ses avantages ou ses désavantages. C’est-à-dire : 1o à montrer une action : un homme brusque son ami et lui rend service ; 2o à montrer au public que les passions constantes de cet homme lui promettent plaisir ou peine. Dès que le hasard cause quelque événement de la comédie, cet événement ne prouvant rien pour ou contre le caractère est perdu pour le peindre.

h. L’avare est peut-être un caractère moins comique que l’avare-fastueux. L’avare est un passionné qui finit par être malheureux dans sa passion, voilà tout. Il se soucie fort peu de notre approbation. L’avare est surtout comique lorsqu’il veut donner une fête. Il ne veut la donner que comme les autres, il serait plus ridicule ce me semble s’il voulait la donner marquante.

Si jamais on peignait ce caractère, il faudrait bien avoir sous les yeux cette vérité que lorsqu’on désire fortement d’être quelque chose on finit à la fin par se persuader qu’on l’est. Il faudrait l’avoir complète.

Harpagon, l’avare de Molière, ne tend pas au même bonheur que nous, nous le sentons bien.