Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
pensées

été probablement qu’un petit royaume inconnu. Le grand art est donc de faire que les hommes se forment de belles idées qui les portent à sacrifier tout au bonheur du genre humain. Elles suppléent à la vertu, mais l’amour direct de la vertu, c’est-à-dire l’art de faire trouver du plaisir dans les choses utiles, serait peut-être aussi utile à mettre en pratique. Mais il n’en est pas moins vrai qu’ils agissent toujours pour parvenir à ce qu’ils se figurent être leur plus grand bonheur et qui l’est réellement, si à l’époque où la jouissance arrive ils ont toujours la même passion.

Il est donc très vrai que l’amour du bonheur ou amour-propre nous dirige dans toutes nos actions. Ceux qui nient cela appliquent notre bonheur à leurs passions et disent cela n’est pas le bonheur, donc il agit d’une manière désintéressée. Il fallait dire : cela n’est pas mon bonheur.

*

h. L’homme est susceptible d’habitudes. Il a d’abord les passions de la gloire, de l’ambition, de l’avarice, pour les plaisirs que la gloire, les honneurs, l’argent lui procureront. Mais comme un long temps de sa vie se passe à aimer les moyens, il