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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/207

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pensées


*

h. Me condamner chaque mois à lire un volume du sec Condillac et faire un extrait des vérités que je trouverai dans ses ouvrages.

*

h. Il y a beaucoup d’hommes dont la hauteur est mesurée par celle de leur siècle. Un médecin, Bilon[1] par exemple, aura une charlatanerie moins ou plus ridicule selon que les hommes vaniteux[2] du siècle auront plus ou moins de vanité.

*

h. Les grands génies dans les arts et les sciences peuvent-ils être dangereux ? C’est-à-dire étouffer d’autres grands génies ?

À la première vue, non. Ils feront dire beaucoup de bêtises aux petits talents qui les suivront, mais l’homme de génie qui surviendrait aurait le courage de briser l’Idole.

Descartes. osa bien renverser Aristote.

  1. Bilon était un médecin de Grenoble qui avait un fils condisciple d’Henri Beyle. N. D. L. É.
  2. Stendhal avait d’abord écrit « plus ou moins ridicule selon que la vanité du siècle sera… » Il corrige et ajoute en note  : « Écrire toujours ainsi. La phrase que j’efface est dans le goût du siècle 18e. Celle que je substitue est plus claire et par la plus forte, mais il faut moins de finesse pour la comprendre. » N. D. L. É.