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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/247

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pensées

Il suit de là que les autres trouvent des émotions au théâtre, je n’y trouve que des instructions et toutes celles que j’y éprouve sont presque en fonction de ma gloire.

J’ai beaucoup de plaisir lorsque je crois avoir fait beaucoup de bonnes observations. Je me retire mécontent lorsqu’il me semble n’en avoir fait aucune d’essentielle.

J’ai été de tous temps très sensible aux adieux, je me souviens encore des larmes abondantes que me firent répandre dans mon enfance certains adieux du marquis, je crois, et de Nadine dans les Mémoires d’un homme de qualité.

Les plus fortes impressions que m’ait fait éprouver la comédie dans ces deux dernières années sont celles que j’éprouvais dans l’an XI aux représentations du Barbier de Séville et celle que m’a donnée en l’an XII l’Optimiste de Collin. Celui-ci fut comme une douce rosée répandue sur toute l’âme.

Il faut donc distinguer les émotions que j’éprouve comme homme sensible et comme poète. Ces deux hommes sont bien différents. Le Tartufe, à l’exception de la scène de la brouille entre les deux amants au deuxième acte lorsque je l’ai vue jouée par Fleury et Mlle Mars, ne m’a jamais