Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
filosofia nova

que nous apercevons le moindre danger. Voilà pourquoi dès que l’odieux paraît, le rire se retire comme on peut le sentir dans le Cocu imaginaire lorsque Sganarelle vient pour tuer bravement Lélio par derrière. Si on croyait ce projet sérieux on cesserait de rire à l’instant. Mais l’âme agréablement occupée repousse bien vite cette idée d’assassinat.

Molière dans l’analyse du Misanthrope qui lui est attribuée dit : que tout trait qui fait rire est l’opposé d’une chose raisonnable et convenable. il suit de là que pour faire sentir que le ridicule que l’on voit tous les jours est l’opposé de la chose raisonnable, il faut commencer par connaître la chose raisonnable.

L’homme aimable qui rit d’un ridicule (Pacé sur l’étoile de Dugazon), s’il sait lire dans ses sensations et faire en sorte que les gens qui lui ressemblent aient dans le même ordre les mêmes sensations que lui, pourra les faire rire du même ridicule qui l’a fait rire.

Le poète comique, outre ce premier travail, peut encore en faire deux autres. Le premier : sublimer les ridicules ; le deuxième : faire trouver ridicule dans le monde une chose que par sa connaissance de l’homme il a découvert devoir paraître ridicule aux gens du monde dès