Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
filosofia nova


*

Les Français d’aujourd’hui reçoivent des impressions tragiques, outre l’histoire, de Homère, Sophocle, Euripide, Eschyle, Alfieri, Shakspeare, Corneille, Crébillon, Racine, Voltaire. Voilà 10 tragiques.

Molière, Regnard et peut-être Plaute les font rire.

Corneille et Fabre les font sourire.

Cela montre que la comédie est plus difficile que la tragédie.

Mais la comédie n’est pas éternelle ?

Non, jusqu’ici, parce que Molière n’a pas peint les mœurs le plus sublimées possible. Mais je puis en faire d’une durée, ce me semble, bien plus longue.

N’admettre dans chaque pièce qu’un personnage ridicule ; qui, à son ridicule près, soit du sublime le plus relevé[1].

Que tous les personnages environnants soient le plus propres possible à faire ressortir son ridicule, et qu’en même temps doués de la meilleure tête possible ils composent entre eux la plus charmante société possible.

Ainsi mes tableaux auront une figure principale qui sera parfaite et des accessoires simples et utiles, ils seront comme ceux de Guérin (Marcus Sextus et Phèdre).

  1. Sublime veut dire ici bonne tête, pleine des vérités les plus propres à faire le bonheur de ce qui l’environne.