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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/329

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pensées

Nous ne pensons guère s’il a les qualités nécessaires pour aimer comme Rodrigue et pour vaincre comme lui les Maures. Si nous venons cependant à y penser, nous les lui accordons. Mais nous y pensons très légèrement.

Dans la comédie nous voyons agir nos égaux ; nous savons bien que nous ne ressemblerons jamais aux personnages tragiques que par les passions et que tous les autres moyens d’agir sur les hommes nous sont interdits.

Je voudrais voir l’effet que produiraient nos égaux présentés comme personnages tragiques à nos yeux. Il est évident d’abord qu’on ne pourrait les faire mouvoir que par les passions dont notre situation nous rend susceptibles. Ainsi Iphigénie serait impossible à traduire, Athalie encore plus, tandis que rien ne serait si aisé que de faire jouer par nos égaux Ariane, Phèdre, les Horaces, Zaïre, etc.

*

h. Les discours[1] que les hommes prononcent dans l’action sont nécessairement moins tranchants, et les vérités aussi complètes qu’ils les voient, car ces discours roulant sur des choses à faire

  1. 8 thermidor XII.