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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/338

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filosofia nova

froid ce matin en écrivant, j’étais mal à mon aise. Je suis allé passer demi-heure à la fenêtre de Tencin, cela a commencé à me remettre. Terma est arrivé, cela m’a rappelé le temps où je le connus chez [1], maître de violon. Depuis lors je ne l’avais vu qu’une fois. Sans m’en douter je suis devenu très gai, parce que j’ai comparé (sans que mon esprit s’en aperçût) mon état d’alors, c’était l’été aussi, avec mon état actuel. Mon séjour à la fenêtre de B. m’y avait préparé, et j’ai trouvé que l’état actuel était bien préférable.

Voilà la manière très probable dont j’explique ma gaîté. Il y a un an que je n’avais pas pu l’expliquer. L’esprit agit donc sans s’en apercevoir. Voilà qui est vérifié sur la nature.

Je conclus de là la possibilité d’un médecin moral qui sans en faire semblant vous rendît le plus heureux possible en vous portant ainsi à des comparaisons, etc., et autres moyens. Il faudrait que ce médecin connût parfaitement l’âme.

Voilà la meilleure manière d’être auprès d’un grand : vous lui êtes alors absolument nécessaire. C’est peut-être là le sublime du flatteur.

  1. En blanc dans le manuscrit.