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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/52

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filosofia nova

que j’en ai (je dis 2d, 3d, etc.). Si dans ce moment-ci je suis incapable de la goûter et que je n’aie pas la raison de me dire qu’il est très probable que je changerai et qu’arrivé au moment de la jouisssance je la goûterai bien mieux que je ne la goûterais maintenant (ici deux choses à considérer : 1o la quantité de plaisir que cette jouissance me donnerait réellement, si elle arrivait dans ce moment-ci ; 2o la quantité que je m’en figure d’après mon imagination. Remarquons que l’état de la tête et de l’imagination influent sur cette deuxième quantité qui peut être bien moindre que la première).

(Si je voulais faire du Pascal (là où ce grand homme n’est pas sublime) : ô misère de l’homme qui n’a rien pour s’assurer de la vérité ! La tête est son seul moyen, et la passion vicie jusqu’à sa tête, etc.). Je fais à l’amour un sacrifice qui ne me paraît pas grand, il passe sans combat, mais cela prouve la grandeur de mon amour qui m’empêche même de voir les autres biens.

Donc ce n’est pas la grandeur de la violence qu’on se fait en faisant des sacrifices à l’amour, qui prouve la grandeur de cet amour.

Cette découverte (faite aujourd’hui 12 thermidor ayant pris du Kina hier et en devant prendre aujourd’hui) appliquée