Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées et Impressions, 1905, éd. Bertaut.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
PENSÉES



Toute l’Europe, en se cotisant, ne pourrait faire un seul de nos bons volumes français : les Lettres Persanes, par exemple.

Peut-être l’esprit ne peut-il durer que deux siècles. Un jour Beaumarchais sera ennuyeux ; Erasme et Lucien le sont bien.

Il me semble que le lecteur est d’avis que rien ne conduit aussi vite au baillement et à l’épuisement moral que la vue d’un fort beau paysage : c’est dans ce cas que la colonne antique la plus insignifiante est d’un prix infini ; elle jette l’âme dans un nouvel ordre de sentiment.

Les arts qui commencent à nous plaire en peignant les jouissances des passions, et, pour ainsi dire, par réflexion, comme la lune éclaire, peuvent finir par nous donner des jouissances plus fortes que les passions.