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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/118

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ROMANS ET NOUVELLES

qu’elle y a placées et elle comprend La Bruyère.[1]»

Le professeur Hiéky trouva Mina fort triste ce matin-là. Elle ne s'était pas levée encore une fois depuis trois quarts d’heure que durait la leçon pour aller observer les moineaux qui volaient sur ses fenêtres des grands arbres des Tuileries, lorsque dans ses explications de La Bruyère, il arriva au maître de dire : « Dans cette ville de Paris qui avait cinq cent mille habitants du temps de Napoléon et qui en a onze cent mille aujourd’hui, il se trouve de toute espèce de gens, ce qu’il y a de pis et ce qu’il y a de mieux. Percez par la pensée le mur du salon d’une maison, vous trouverez dans la pièce correspondante au même étage, de l’autre côté du mur, des gens d’un caractère parfaitement opposé à celui des gens réunis dans le premier salon. »

— Vous croyez, dit Mina en changeant de couleur.

— Sans doute, reprit le professeur. Ce qui fait du Paris actuel une ville unique au monde, c'est qu’il renferme ce qu’il y a de mieux et de pire en tous genres. Les gens médiocres, plats et sages, sont les seuls qui n'aient pas d’attrait pour Paris.

  1. Bravo ! les petites things.