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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/135

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LE ROSE ET LE VERT

Angleterre où il avait passé huit mois, il avait appris à être un homme du turf[1] et à se connaître parfaitement en chevaux, il en avait acheté cinq au lieu de trois, ils étaient magnifiques et chacun avait ses qualités particulières : la force, la légèreté, etc.

Plus tard, ne se trouvant pas beaucoup plus heureux avec ses cinq chevaux anglais, il avait eu le projet d’aller en Syrie et sur les bords de l’Arabie, acheter des juments arabes. Mais comment faire consentir sa mère qui avait la fureur de le marier à un aussi long voyage ? Au moment où la présente histoire le saisit, il commençait à se dire que c'était employer bien du temps et des soins pour avoir des chevaux. Et que pourrait-il faire après tout avec ces chevaux arabes, disait le parti du dégoût, qu’il ne fît déjà avec ses cinq chevaux anglais ? Il ne savait quoi répondre.

En vain s'était-il dit après quelques jours pour donner une sorte de raison plausible à la chose : « j’irai voir en Égypte les champs de bataille où mon père a versé son sang ». Cette raison avait semblé suffisante à se moments pensifs pendant huit jours, puis il était arrivé à cette réflexion

  1. Littéralement du gazon, un homme qui passe sa vie aux courses de chevaux, qui en fait sa grande affaire.