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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/144

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ROMANS ET NOUVELLES

gens brillants pour un vieillard qui assez tristement fait de l’exercice pour sa santé.

— Ces jeunes gens sont mes amis et de plus on peut les compter, ce me semble, parmi ce qu’il y a de mieux à Paris, mais ils cherchent à être brillants. Au bout d’une heure, cet effort qu’on sent chez eux fatigue le spectateur, et la compagnie de M. de Miossince n'a jamais fatigué personne, et moi m'a souvent éclairé.

Ceci fut dit d’un ton mathématique et presque morose.

L’abbé avait pour principe de ne jamais diriger la conversation, c'était en répondant qu’il avait de l’esprit et arrivait à ses fins. Le jeune duc, comme un homme ennuyé, en un quart d’heure parla de tout au monde. Parmi ses autres propos se trouva celui-ci : « Le gouvernement devrait bien jeter quatre-vingt mille hommes en Espagne, cela assouplirait l’armée qui ressemble assez à une meute qui n'aime que le chasseur qui la fait courir. Tous les vieux officiers prendraient leur retraite, les sousofficiers arriveraient aux épaulettes et moi je tâcherais non pas d’imiter mon père, mais enfin je me donnerais le baptême de sang qui convient à mon nom, et ensuite peut-être je pourrais en conscience planter tout là.

— Rien de plus sage après Madame la