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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/166

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ROMANS ET NOUVELLES

une seule personne : après l’éloignement ou la mort de lui, abbé de Miossince, le duc aurait à faire à une seconde personne désignée par l’abbé.

Le cœur de Léon battait un peu, il attendait le nom de la personne à épouser. Il frémissait à l’idée de la fille d’un hobereau de province croyant s'amoindrir en s'alliant au fils d’un jeune avocat devenu duc et maréchal. Le duc fut bien étonné et bien charmé quand, après la parole donnée, M. de Miossince lui nomma Mina Wanghen, une fille protestante, la fille d’un banquier étranger. Léon s'attendait à quelque famille de robe, je ne sais pourquoi il s'était figuré avec l’absurdité complète d’un jeune homme ombrageux que cette famille serait de Toulouse et aurait marqué dans le procès des Calas[1]. Il était jeune et transporté de bonheur, il eut la faiblesse d’exprimer cette idée et l’abbé lui prouva que Calas avait été justement condamné.

— Vous voyez, lui dit l’abbé, que l’idée de cette affaire m'est venue hier impromptu comme vous parliez du désir de voyager. Je ne suis chargé de rien par ces dames, à peine si je les connais. Notre connaissance n'est basée que sur le vif

  1. Contradiction : un protestant juge d’un Calas.