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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/176

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ROMANS ET NOUVELLES

selles de Vintimille qui depuis quelques jours seulement avaient l’honneur d’être engagées aux bals d’Angleterre. Mina trouva que ces demoiselles la regardaient d’un air singulier. À peine fut-elle de retour auprès de sa mère que parurent les demoiselles de Vintimille guidées par la leur.

— Hé ! ma chère, dirent ces demoiselles en parlant à la fois, comment se fait-il que vous connaissiez le duc de Montenotte ?

— Je ne connais aucun duc.

— Quelle affectation, reprit l’aînée des demoiselles de Vintimille, mais ce jeune homme avec lequel vous dansiez et qui vous parlait beaucoup, c’est le jeune duc de Montenotte, le fils aîné du maréchal Malin de la Rivoire, ce fameux général si ami de l’Empereur.

« Il a l’air bien glacial, pensa Mina, pour le fils d’un guerrier si célèbre, je ne croyais pas que les français eussent l’air si froid, il a l’air glacé et raisonnable de ceux des commis que mon père avait coutume de nous vanter comme de bonnes têtes. »

Les dames de Vintimille continuaient à parler beaucoup et les mots duc, duchesse, duché, revenaient à chaque moment. Enfin elles se levèrent et continuèrent leur tour de bal.