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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/260

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>compagnons partageaient ma joie, et notre ivresse fut d’autant plus vive que la cérémonie se termina par un dîner splendide, donné sur la place de Saint-Pierre. Cependant les remontrances de mon oncle ne me permirent pas de jouir paisiblement de mon bonheur ; à notre retour il me sermonna pour m’inspirer une sainte horreur de ces solennités sacrilèges, renouvelées, disait-il, du paganisme, et dont le véritable but était de faire régner la licence et la corruption dans la capitale du monde chrétien. De pareilles fêtes, ajoutait-il, sont des jours de triomphe pour le démon ; il ne nous reste plus qu’à demander pardon au ciel d’avoir pris part à cette impiété : la mort lui semblait préférable à tant d’ignominie, et il conclut en disant qu’il ne souffrirait pas désormais qu’on nous revît parmi les coupables, quelle que fût la violence des moyens qu’on emploieraitpour nous y contraindre. Il tint courageusementsa parole, et bientôt les chances de la guerre, en forçant les Français de quitter Rome, mirent un terme à ses inquiétudes, et lui procurèrent la douce satisfaction de voir rétablir le gouvernement pontifical. Après cette révolution, qui comblait ses plus chères espérances, il me confia aux soins d’un maître qui devait me donner les premiers prin-