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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/265

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dire tout ce que je souffris du frère chargé de me réconcilier avec Dieu ; il me démontrait clairement que j’étais damné, et que mon crime était irrémissible. Jeune et crédule, j’ajoutai foi à tous ses discours, et mon repentir fut sincère et profond. Chaque matin, j’offrais humblement mon dos à la discipline, et pour que la réparation fût proportionnée au scandale que j’avais causé, je portais habituellement une haire armée de petites pointes de fer. Je me soumettais à tout avec résignation, pensant toujours, sur la foi de mes conseillers, voir le diable sur mes trousses. Cette crainte était si vive que chaque nuit, mon sommeil était troublé de visions effrayantes. On m’imposa une confession générale, et j’avouai que maintes fois, mes camarades m’avaient prêté des livres peu moraux. Le prêtre m’assura que j’étais damné, et que le malin allait m’emporter corps et âme, si je ne parais les coups à force de prières et d’aumônes. Il fallut bien m’exécuter ; je vidai ma bourse aux mains du bon père, et pour en finir avec le diable, je me soumisau jeûne et à toutes les rigueurs de la pénitence. « Voyez, mon fils, me dit le confesseur, pour ces quatre écus que vous m’avez remis, je dirai quatre messes à un autel