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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/294

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lino consentit à cette proposition, et fixa le lieu de l’entrevue. Rotoli s’y rendit seul et sans armes, suivant sa promesse, et il y trouva Spatolino, qui lui dit : « Seigneur Rotoli, êtes-vous venu ici pour me trahir, ou bien est-il vrai, comme vous me l’avez écrit, que vous ayez à me parler d’une affaire importante ? — Je ne suis pas un traître, répliqua Rotoli ; le gouvernement français désire, par votre entremise, faire main basse sur tous vos complices ; à ce prix, il vous accorde un pardon général et vous laissera jouir en paix des richesses que vous avez amassées. » Le brigand, qui, fatigué de sa vie aventureuse, aspirait au repos, consentit à cet arrangement et promit de livrer sa troupe, si on lui garantissait sûreté et protection ; le commissaire le lui promit sur l’honneur. Cette garantie parut suffisante au crédule Spatolino : « Eh bien, dit-il, trouvez-vous ici ce soir même à huit heures avec vingt gendarmes et une troupe de paysans ; j’y serai avec sept ou huit de mes gens, c’est tout ce que je puis faire ; ma femme s’y trouvera également, et je demande qu’on lui garantisse la liberté, ainsi qu’à moi. » Cette clause ne souffrit pas de difficulté. Le traité ainsi conclu, les deux parlementaires se retirèrent ensemble ; et chemin faisant le brigand pro-