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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/90

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ROMANS ET NOUVELLES

d’avril. Après la visite de la barrière, la voiture de ces dames alla passer à la porte de leur banquier M. le baron de Vintimille. Un commis les attendait et conduisit ces dames à l’un des plus beaux hôtels de la rue de Rivoli dont l’appartement le plus cher était retenu pour elles.

Mina fut ravie de l’aspect des Tuileries et de leur verdure naissante. Elle allait sortir pour se promener sous ces arbres magnifiques, parmi ces statues, chefsd’œuvre des plus grands artistes. On sent qu’elle voyait tout en beau, elle avait dix-huit ans et le plaisir si doux de faire sa volonté.

— Mais es-tu bien sûre de n'être pas fatiguée, disait Madame Wanghen?

Mina prenait son chapeau.

— Mais ce chapeau fort à la mode à Hambourg sera peut-être extraordinaire à Paris, on se moque de tout ici.

— C'est précisément à cause de leurs blâmes impertinents que j’aime ces aimables parisiens ; notre froide raison à Kœnigsberg ne ferait aucune attention au chapeau d’une étrangère.

Comme on discutait en riant sur le chapeau, M. le baron de Vintimille fit demander si ces dames étaient visibles. Ces dames se gardèrent bien d’être fatiguées, il y a un naturel et une bonhomie