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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/220

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Le midi de la France, Toulouse surtout, a des rapports frappants avec l’Italie ; par exemple, la religion et la musique. Les jeunes gens y sont moins pétrifiés par la peur de n’être pas bien, et plus heureux qu’au nord de la Loire. J’ai vu beaucoup de contentement réel parmi la jeunesse d’Avignon. On dirait que le bonheur disparaît avec l’accent. Le jeune Parisien, pauvre, et par là forcé d’agir, et avec des gens qui ne le ménagent pas, est moins étiolé et plus heureux que celui qui va aux bals du faubourg Saint-Honoré. Si une haute naissance vient se joindre chez celui-ci à une grande fortune, le dernier gîte de son caractère actuel c’est la Trappe. Le travail et l’expérience qui suit l’action sur les autres empêchent le jeune homme sans cabriolet de s’arrêter tout court trois fois par jour, pour examiner de quel degré de bonheur il jouit dans le moment. Le jeune Italien, tou-

    des étudiants de Pavie : 1o la mort du jeune Guerra ; 2o ce qui suivit son enterrement. Les procédés de la police, ce jour-là, ne seront pas oubliés dans vingt ans, et chaque année leur vile barbarie sera exagérée. S’agit-il de courage, ou, pour mieux dire, de la disparition du danger au moyen d’un accès de colère, les étudiants de Pavie l’emportent peut-être sur ceux de tous les autres pays. Rien que la mort présente, et surtout bien laide à voir, ne pourrait arrêter dix mille étudiants italiens : il faudrait des boulets déchirant et semant des entrailles, comme à la mort du général Lacuée. (1826.)