orette, 30 mai. — Avant-hier,
comme je levais à la boussole un
croquis de la bataille de Tolentino,
je remarquai une figure militaire, aussi
à cheval, qui suivait mes mouvements.
Nous nous trouvâmes le soir à l’auberge
de Macerata ; et l’ennui, ce grand mobile
des gens d’esprit, fit que le colonel Forsyt
m’adressa la parole. Voyant un homme
âgé, je lui offris une copie de mon plan ;
il accepta. Je montai dans ma chambre
pour la lui faire. Accoutumé à ce travail
dans les états-majors, j’eus bientôt dépêché
ma petite carte. Sensible à cette marque
d’attention, mon colonel, qui m’avait
suivi dans ma chambre, voulut être
aimable pour moi, et parla presque autant
qu’un Français. Il devait partir ce matin
pour Naples, par les Abruzzes, et moi
pour Ferrare. Nous nous promenons le
long du golfe Adriatique, sur ces collines
singulières, couvertes de verdure, et desquelles,
par un accident des plus bizarres
que j’aie vus, on plonge tout à coup sur
la mer. Tantôt, pendant deux ou trois
milles, le chemin suit la crête d’une montagne,
à droite et à gauche, on a une
descente rapide en face le golfe ; tantôt