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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/109

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jeunesse, offrait infiniment plus d’élégance, d’aisance et de naturel, qu’il n’y en a jamais eu en Angleterre. L’exclusion générale des bourgeois éloignait sans doute tout ce qui est vulgaire dans [a vie ; mais elle avait un bien autre avantage : elle rendait impossibles ces sentiments de jalousie mutuelle et de mépris, cet état de guerre perpétuel entre l’orgueil de la naissance et les richesses accumulées par le travail, dont aujourd’hui l’on ne peut prévenir les effets que par un système général de réserve et de silence.

« Là où tout est noble, tous sont égaux.

« Il ne saurait y avoir de prétentions ; chacun est à sa place partout, et les mêmes manières étant familières, dès l’enfance, à chaque membre de la société, les manières cessent d’être un objet d’attention. Personne ne craint le ridicule de l’air commun, et l’absence de ce défaut n’inspire de vanité à personne. Les petites particularités qui distinguent les individus ne sont pas attribuées à l’ignorance du bel usage, au manque d’esprit, mais au caprice, au tempérament. On ne songe pas toujours, avant de remuer, à la loi qui règle chaque mouvement[1]. La terrible peine

  1. Voir la Journée d’un fashionable dans l’Angleterre et les Anglais de M. Dickinson, tome II.