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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/126

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6 juin. — Je crois que je deviendrai fou de cette belle femme ; sa taille est svelte, ses yeux divins ; elle a reçu la meilleure éducation à Milan. Je viens de la voir jouer, de refuser de lui être présenté, et je pars à l’instant même, minuit sonnant, par une tempête superbe. Toutes mes idées de bon sens, tous mes principes sur l’Italie commencent à s’obscurcir.


Padoue, 10 juin. — Il n’est pas de contraste plus frappant que celui des terres du pape et des États de Venise. Ici, la volupté est en honneur ; tous les fronts sont épanouis ; tout le monde rit, plaisante et parle haut. Les gens à qui j’ai présenté hier mes lettres de recommandation sont aujourd’hui de vieux amis : cette ouverture de cœur est bien remarquable en Italie. On me présente à toutes les dames, qui de huit à neuf se réunissent au café del Principe Carlo. En voyant cette société brillante de naturel et de gaieté, et cela dans la plus pauvre ville du monde, je me rappelle la pruderie de Genève, et ces gens-là se croient les sages !

Depuis que je suis ici, l’on me fait