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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/132

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à frontières doit être, l’aristocratie proportionnelle de la propriété, cette heureuse loi, dis-je, pour peu qu’elle dure, augmentera l’orgueil de la propriété et toutes les vertus qui tiennent à l’orgueil.

La classe la plus estimable en France, les dix millions de paysans petits propriétaires, est la plus scélérate en Italie. À Parme, mon conducteur de sédiole me contait, sans nulle vergogne, comme quoi il avait gagné les vingt-sept napoléons avec lesquels il avait acheté cheval et sédiole au métier de voleur. Nous passâmes dans trois endroits où il me dit en toute simplesse qu’il avait assailli des voyageurs. Au contraire, l’horreur du vol est extrême chez le paysan français. À quoi doit-il ses vertus ? À ce que nos méprisables journaux maudissent tous les matins.

Le trait marquant du paysan français c’est le bonheur[1] ; du paysan italien, c’est la beauté. Le peu de beauté qu’il y a en France est gâté par l’affectation ; l’air simple, froid et passionné, quand la circonstance le porte, est naturel au paysan italien, ce qui ne veut pas dire que les trois quarts du temps il n’a pas l’air féroce du sujet du despotisme. Il y a

  1. Le tiers de la nation anglaise est à l’aumône : cela compense la liberté de la presse.