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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/146

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un certain repos de l’âme, une certaine mélancolie pour goûter la musique. C’est ce que donne un soleil brûlant :

I am never merry when I hear sweet music.

Shakspeare
Or il va y avoir en France une prodigieuse activité des esprits. Chaque degré qui nous sépare du bon sens américain sera emporté par une bataille ; et, pendant six mois, cette bataille paraîtra la plus grande chose du monde. Quand la vie active est trop forte, elle comprime, elle étouffe les beaux-arts. C’est Édimbourg qui est la capitale de la pensée en Angleterre. Quand il n’y a plus de vie active, les arts tombent dans le niais, comme à Rome. Ce qui rend précieux le désert moral de l’Italie, c’est que, même avec les discussions des deux chambres, ce pays mettra toujours son bonheur dans les beaux-arts. Le théâtre de Saint-Charles a attaché les Napolitains à leur roi, plus que la meilleure constitution.

Il est impossible que les Français sentent jamais la musique. Dans ce genre, ils ont le métalent le plus marqué ; ils applaudissent à ce qui est faux et laissent passer les beautés en disant : C’est commun. Ceci paraîtra incroyable, je le sens. Allez,