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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/164

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des derniers souverains de l’Autriche, ce qui déplaît fort.

Le spectacle de ce soir a duré cinq grandes heures, et tout était nouveau.

Rossini a voulu se rapprocher du fracas de la musique allemande. Avec une imagination aussi audacieuse que brillante, et les inspirations d’un génie vraiment original, quelque genre qu’il prenne, il est sûr de plaire, pourvu qu’il veuille accorder un peu d’attention à son ouvrage. On l’a fort applaudi ; les motifs de ses airs sont nobles ; l’idée dominante, chose si nécessaire à la musique pour qu’elle puisse être comprise, l’idée dominante est admirablement rappelée dans les morceaux d’ensemble ; il les conduit en homme supérieur. Les phrases qu’il rejette feraient la fortune d’un compositeur ordinaire ; mais il se méfie trop du public, sans cesse il sacrifie à la manie de briller les choses qui ne sont que raisonnables et justes ; ainsi telle phrase de chant, qu’il met dans la bouche d’un jardinier, ne serait point trop peu brillante pour le comte Almaviva ou tel autre jeune seigneur de la cour. On a couvert d’acclamations un terzetto, un duetto et un quintetto. Les commencements de ces morceaux sont superbes ; mais pour plaire aux amateurs du genre savant, la stretta n’est