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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/18

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beaux yeux, et leur forme et leur couleur, pour ne sentir que l’âme dont ils sont les interprètes. Les gens timides qui ont connu l’amour savent que l’on peut suivre une conversation tout entière, sans d’autre secours que celui des yeux. Il y a même des nuances de sentiment et non de pensée, qu’eux seuls peuvent rendre : peut-être cela n’est-il vrai qu’en Italie.

On chante ce soir des morceaux qu’on applaudit à outrance ; je demande le nom du compositeur ; personne ne le sait. La vanité française attacherait plus d’importance au nom de l’auteur : j’aurais eu vingt jugements sur son compte. Le bel air de Crescentini ombra adorata, aspettami, remplit de larmes tous ces beaux yeux. Aussi est-il chanté d’une manière un peu différente de celle de madame Catalani. On me parle beaucoup de ce miracle de la nature et de M. Sgricci, autre miracle qui improvise des tragédies : c’est un centon des auteurs grecs qui ravit les pédants et m’a scié à fond. M. Sgricci évite adroitement les sujets modernes où l’on ne peut pas mettre des chœurs grecs ; très inférieur à Gianini.

J’apprends les grands succès de madame Eiser, cette excellente chanteuse, au congrès de Vienne. Je trouve au concert trois ou quatre dames pour lesquelles