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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/184

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despote ; et cela, malgré les intrigues de la cour du vice-roi et tout le conseil d’État. Colbert est mort laissant d’immenses richesses : lorsqu’on eut tué Prina, le 21 avril 1814, on fut bien étonné de ne lui trouver pour trésor que les deux tiers des appointements qu’il avait reçus[1].

Mes jeunes officiers reprochent amèrement aux Français de ne pas leur avoir donné la liberté ; mais cela s’accordait-il avec les intérêts du maître ? Les États sont entre eux comme les particuliers : depuis quand voit-on un homme faire la fortune d’un autre à propos de botte ? Tout ce qu’on peut espérer de mieux, c’est que les intérêts s’accordent.

Quant à moi, je pense que Buonaparte n’avait nul talent politique ; il eût donné des constitutions libérales, non-seulement à l’Italie, mais partout, et mis des rois illégitimes comme lui, mais pris dans les familles régnantes. À la longue, les peuples l’auraient adoré pour ce grand bienfait. En attendant qu’ils le comprissent, leur force se serait usée à arracher une liberté complète et non à envahir la France[2].

  1. Le comte Maresacalchi m’a dit que toutes les pièces relatives aux assassins de Pirina se trouvaient, en 1817, dans les archives de la police de Milan. On sait leurs noms et leurs motifs.
  2. On sent que dans cette supposition il ne pouvait être question pour l’usurpateur du grand principe qui assure