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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/190

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doit prendre que les livres indispensables pour ne pas tomber dans la philosophie ridicule de la sympathie, qui donne pour base à nos volontés autre chose que le plaisir du moment. À cela près, le régime anglais est le seul sain pour les Italiens, parce qu’après avoir appris à exprimer leurs idées et à tirer des pensées des circonstances qui les entourent, dominés par les différences de climat et d’organisation, ils enverront un jour leurs maîtres à tous les diables[1] et oseront être eux-mêmes.

Or, c’est ce qui n’arrivera jamais tant qu’ils étudieront Horace et Virgile ; le Dante et Machiavel sont surtout dangereux. Ces hommes immortels ont vécu dans une république, et comme c’est tout ce qu’ambitionne l’Italie, les jeunes gens ne peuvent, sans une force d’originalité bien rare à vingt ans, renoncer à les imiter.

Une nation n’est heureuse que quand il n’y a plus d’autres intérêts contradictoires dans son sein que ceux nécessaires au maintien de la constitution. Elle n’est éclairée que quand il y a des millions de gens médiocres instruits suivant des méthodes judicieuses ; enfin elle n’a jamais que le degré de liberté que la fermeté de son caractère et ses lumières forcent à lui don-

  1. Voilà ce que j’appelle l’opération du départ.