Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand nom, et, dit-on, digne de son oncle.

Milan est la capitale de la littérature en Italie. Mais au dix-neuvième siècle, qu’est-ce qu’une littérature sans liberté ? On y imprime beaucoup de livres de médecine, et de temps en temps quelque traduction du français. On a osé y faire paraître, mais avec bon nombre de notes atténuantes, Tracy, Schlegel, Corinne, l’Allemagne. Il y a deux journaux littéraires ; cela est aussi amusant que le Magasin encyclopédique : les hommes sont très-supérieurs aux livres.

Le soir, nous montons à la Madonna del Monte ; ce sanctuaire doit avoir coûté bien des millions. J’écris ceci à l’auberge de Berinetti ; nous sommes fort bien. En montant, plusieurs ânes se sont abattus sur ces pavés glissants, et nos dames ont fait des chutes qui n’ont été que plaisantes : nous nous arrêtions à tout moment à quelqu’une des quinze ou vingt chapelles pour nous retourner et jouir de la vue. Ensemble magnifique ; au coucher du soleil, nous apercevions sept lacs. Croyez-moi, mon ami, on peut courir la France et l’Allemagne sans avoir de ces sensations-là. Parmi nous, il y a deux Français qui s’ennuient

    apôtre. On voit que l’auteur a été élevé à Rome. Né dans un pays plus généreux, il eût quelquefois fait parler son âme.