Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Paris qu’à Bologne, et à Berlin qu’à Rome. Toute la différence, c’est qu’à Paris l’on pèche par vanité, et à Bologne à cause du soleil. Je ne trouve d’exception que dans les classes moyennes en Angleterre, et dans toutes les classes à Genève. Mais, ma foi ! la compensation d’ennui est trop forte ; j’aime mieux Paris, Oh gai !

1er mai. — Je descends de cheval ; on en trouve de très-bons à louer dans ce pays, petits et de mauvaise mine, mais malins, méchants et d’une rapidité charmante. Je viens de San Michele in Bosco. C’est un couvent situé dans une position pittoresque, comme tous ceux d’Italie ; ce vaste édifice couronne la plus jolie des collines couvertes de bois, auxquelles Bologne est adossée ; c’est comme un promontoire ombragé de grands arbres qui avance sur la plaine. Mes amis m’ont conduit là pour voir les anciennes peintures de l’école de Bologne ; ils mettent un grand prix à la priorité dans les arts ; ils veulent, à ce qu’il m’a paru, détrôner Cimabue, le plus ancien barbouilleur de l’école de Florence. Dieu vous garde de jamais voir ses ouvrages !

Nous trouvons sur cette colline cet air frais, l’aura de Procris, dont on ne peut connaître le charme que dans les