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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/88

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Jugement littéraire

« La simplicité de l’intrigue, le petit nombre des personnages, la marche directe de l’action, l’uniformité et la gravité travaillée de la composition, font des tragédies d’Alfieri ce que les modernes ont produit de plus semblable à l’antique. Infiniment moins déclamatoires que les tragédies françaises, elles ont moins de brillant et de variété ; mais, en revanche, une teinte plus profonde de dignité et de naturel. Comme Alfieri n’a pas adopté les odes sublimes du théâtre grec, que nous appelons chœurs, au total ses tragédies sont moins poétiques. Toutefois on sent dans tous les détails, le travail d’une main savante. On peut même dire que le désir ardent qu’eut l’auteur de se garantir des personnages de pure ostentation, et sa haine extrême pour les tirades à prétention, qui lui semblaient avilir un dialogue constamment soutenu par un intérêt profond, ou rempli des accents d’une passion brûlante, l’ont souvent entraîné dans une diction trop sentencieuse. À tout moment l’on trouve des morceaux écrits d’une manière pesante, et qui sent l’effort. Il s’est rappelé trop constamment que le premier devoir d’un