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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/105

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au ciel, faisait autrefois le texte habituel de vos leçons. Vous dites que je vous écris sur Haydn, et que je n’oublie qu’une chose, qui est d’aborder franchement la manière de ce grand maître, et de vous expliquer, en ma qualité d’habitant de l’Allemagne, et en votre qualité d’ignorant, comment il plaît et pourquoi il plaît ? D’abord vous n’êtes point un ignorant ; vous aimez passionnément la musique, et l’amour suffit dans les beaux-arts. Vous dites qu’à peine déchiffrez-vous un air : n’avez-vous pas honte de cette mauvaise objection ? Prenez-vous pour un artiste l’ouvrier croque-sol qui depuis vingt ans donne des leçons de piano, comme son égal en génie fait des habits chez le tailleur voisin ? Faites-vous un art d’un simple métier où l’on réussit, comme dans les autres, avec un peu d’adresse et beaucoup de patience ?

Rendez-vous plus de justice. Si votre amour pour la musique continue, un voyage d’un an en Italie vous rendra plus savant que vos savants de Paris.

Une chose que je n’aurais pas crue, c’est qu’en étudiant les beaux-arts, on puisse apprendre à les sentir. Un de mes amis n’admirait, dans tout le Musée de Paris, que l’expression de la Sainte Cécile de Raphaël, et un peu le tableau de