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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/201

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rempli de beaux développements ; les Amen et les Alleluia respirent une joie véritable, et sont d’une vivacité sans égale. Quelquefois, quand le caractère d’un passage serait trop gai et trop profane, Haydn le rembrunit par des accords profonds et retentissants qui en modèrent la joie mondaine. Ses Agnus Dei sont pleins de tendresse ; voyez surtout celui de la messe n° 4, c’est la musique du ciel. Ses fugues sont de premier jet ; elles respirent à la fois le feu, la dignité et l’exaltation d’une âme ravie.

Il emploie quelquefois cet artifice qui caractérise les ouvrages de Paisiello.

Il choisit, dès le commencement, un passage agréable, qu’il rappelle dans le cours de l’ouvrage : souvent, au lieu d’un passage, ce n’est qu’une simple cadence. Il est incroyable combien ce moyen si simple, la répétition du même trait, sert à donner au tout une unité et une teinte religieuse et touchante. Vous sentez que ce genre côtoie la monotonie ; mais les bons maîtres l’évitent : voyez la Molinara, voyez les Deux Journées, de Cherubini ; vous remarquez une cadence dans l’ouverture de ce bel ouvrage, et votre oreille la distingue parce qu’elle a quelque chose d’étranglé et de singulier ; elle paraît de nouveau dans le trio du premier acte,