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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/203

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veut des raisons théologiques, l’exemple des Psaumes de David est pour nous : « Si le psaume gémit, dit saint Augustin, gémissez avec lui ; s’il entonne les louanges de Dieu, et vous aussi chantez les merveilles du Créateur. »

On ne doit donc pas chanter un Alleluia sur l’air d’un Miserere. Là-dessus les maîtres allemands reculent d’un pas ; ils permettent un peu de variété dans le chant, mais veulent que l’accompagnement soit toujours austère, lourd et bruyant ; ont-ils tort ? Je sais qu’un célèbre médecin de Hanovre, digne d’être le compatriote des Frédéric II, des Catherine, des Mengs, des Mozart, me disait en riant : « L’Allemand du commun a besoin de plus d’efforts physiques, de plus de mouvement, de plus de bruit pour être ému, qu’aucun autre citoyen de la terre ; nous buvons trop de bière, il faut nous écorcher pour nous chatouiller un peu. »

Si l’objet de la musique, à l’église comme ailleurs, est de donner plus de force, dans le cœur des spectateurs, aux sentiments exprimés par les paroles, Haydn a atteint la perfection de son art. Je défie le chrétien qui entend, le jour de Pâques, un Gloria de ce compositeur, de ne pas sortir de l’église le cœur plein d’une sainte joie, effet que le père Martini et les harmonistes