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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/216

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Mais, entre nous, je crois que vous n’existez pas.

Voltaire.

Voici les raisons de ceux qui croient à la présence réelle. Tout le monde voit que la musique peut imiter la nature de deux manières : elle a l’imitation physique et l’imitation sentimentale. Vous vous rappelez, dans les Nozze di Figaro, le tintin et le dondon par lesquels Suzanne rappelle si plaisamment le bruit de la sonnette du comte Almaviva, donnant à son mari quelque bonne longue commission, dans le duo

Se a caso madama
Ti chiama, etc. ;

voilà l’imitation physique. Dans un opéra allemand, un badaud s’endort sur la scène pendant que sa femme, qui est à la fenêtre, chante un duo avec son amant l’imitation physique du ronflement du mari forme une basse plaisante aux douceurs que l’amant débite à la femme voilà encore une imitation exacte de la nature.

Cette imitation directe amuse un instant, et ennuie bien vite : au seizième siècle, des maîtres italiens faisaient de ce genre facile la base de tout un opéra. On a le Podesta di Coloniola, où le maestro Melani