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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/326

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ne pouvant plus se contenir, cria presque tout haut à l’orchestre la manière dont il fallait jouer. On se retourna pour voir l’homme en redingote de voyage qui faisait ce bruit. Quelques personnes reconnurent Mozart, et dans un instant les musiciens et les acteurs surent qu’il était parmi les spectateurs. Quelques-uns de ceux-ci, entre autres une très-bonne cantatrice, furent tellement frappés de cette nouvelle, qu’ils refusèrent de reparaître sur le théâtre. Le directeur fit part à Mozart de l’embarras où ce refus le mettait. Celui-ci fut à l’instant dans les coulisses, et réussit, par les éloges qu’il donna aux acteurs, à leur faire continuer l’opéra.

La musique fut l’occupation de sa vie et en même temps sa plus douce récréation. Jamais, même dans sa plus tendre enfance, on n’eut besoin de l’engager à se mettre au piano. Il fallait, au contraire, le surveiller pour qu’il ne s’y oubliât point et qu’il ne nuisît pas à sa santé. Dès sa jeunesse, il eut une prédilection marquée pour faire de la musique pendant la nuit. Quand, le soir à neuf heures, il se mettait au clavecin, il ne le quittait pas avant minuit, et même alors il fallait lui faire violence, car il aurait continué toute la nuit à préluder et à jouer des fantaisies. Dans la vie habituelle, c’était l’homme