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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/71

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froid dans son grenier, sans feu, étudiant fort avant dans la nuit, accablé de sommeil, à côté d’un clavecin détraqué, tombant en ruines de toutes parts, il se trouvait heureux. Les jours et les années volaient pour lui, et il dit souvent n’avoir pas rencontré en sa vie de pareille félicité. La passion de Haydn était plutôt l’amour de la musique que l’amour de la gloire ; et encore, dans ce désir de gloire, n’y avait-il pas l’ombre d’ambition. Il songeait plus à se faire plaisir, en faisant de la musique, qu’à se donner un moyen d’acquérir un rang parmi les hommes.

Haydn n’apprit pas le récitatif de Porpora, comme on vous l’a dit ; ses récitatifs, tellement inférieurs à ceux de l’inventeur de ce genre, le prouveraient de reste : il apprit de Porpora la vraie manière de chanter à l’italienne, et l’art d’accompagner au piano, qui n’est pas si facile qu’on le pense. Voici comment il vint à bout d’attraper ces leçons.

Un noble vénitien, nommé Corner, était alors à Vienne, ambassadeur de sa république. Il avait une maîtresse folle de musique, qui avait hébergé le vieux Porpora[1]

  1. Né à Naples en 1683. Voici les époques de quelques grands artistes dont je parlerai souvent :
    Pergolèse, né en 1704, mort en 1733.
    Cimarosa, 17641801.
    Mozart, 17561792.