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Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/91

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Le plaisir de voir ce musée, après un mois sevré du plaisir de voir des tableaux, fait que je ne vais pas me coucher, après deux nuits passées sans me déshabiller.

Après le musée, j’erre dans les rues à pavés pointus. Je ne vois rien que de laid et que de grossier. Si je rentre chez moi, je m’endors. J’entre dans une belle boutique de coiffeur dans la belle rue Saint-Rome, je crois, au nord-ouest du Capitole.

Grossièreté étonnante et curiosité des deux petits barbiers.

En sortant de leur maison, je vais prendre du café à l’un des trente cafés qui bordent la place du Capitole : c’est le meilleur, le café Lissençon. Un peu ranimé, malgré le pavé pointu, je vais à Saint-Sernin.

Magnifique église à arcades rondes ; cinq nefs étroites ; les piliers carrés de la grande nef ont une colonne engagée vers cette nef et elles montent jusqu’à la naissance de la voûte. Ces colonnes ont un chapiteau imité du corinthien et un piédestal tout-à-fait grec. Magnifique église romane ; partout des arcs en plein cintre. Façade aussi simple et aussi plate que possible ; deux portes à arcs ronds ; au-dessus, cinq petites arcades en plein cintre ; plus haut, une grande rose ; nulle apparence à l’extérieur ; c’est le contraire d’une