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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/106

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l’ignore. Lira-t-il jamais ceci ? C’est bien plus qu’invraisemblable. Je ne crois pas qu’il fût lettré. Et d’ailleurs, vit-il encore ? Je ne le saurai pas. Mais s’il vit, il ne m’a pas oubliée, j’en suis certaine. Notre amitié fut parfaite. Jamais nous n’avons eu l’un par l’autre, l’un avec l’autre, que des contentements. Jamais nous n’avons échangé que des éclairs de joie. Jamaisnousnenous sommescausé depeine, jamais nous ne nous sommes fait un reproche. Nous n’avons pas rompu. Sans que notre volonté intervînt, la distance du temps et des lieux s’est mise entre nous. Le souvenir qui me reste de mon petit colporteur est sans une ombre.

Est-il beaucoup d’amitiés de qui l’on pourrait rendre ce témoignage ? Aussi, comme Chateaubriand, « je ne revois jamais sans une sorte d’attendrissement ces petits Auvergnats qui vont chercher fortune dans ce grand monde, avec une boîte et quelques méchantes paires de ciseaux : pauvres enfants[1] ! »

  1. Chateaubriand. — Voyage à Clermont.