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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/108

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religieuses. Ma mère ne pratiquait pas le culte luthérien, qu’elle devait plus tard abjurer. Mon frère, au lycée, n’entendait guère parler des choses de Dieu et ne m’en parlait guère ; depuis un an ou deux seulement, on me conduisait pendant l’été à la messe du village, où l’on allait par pure bienséance, en se plaignant très-haut de sa longueur. Je ne comprenais pas trop ce qui s’y passait, mais pourtant je ne m’y ennuyais pas. La multiplicité des cérémonies, en face de notre banc un antique vitrail dont les saints personnages, vêtus de pourpre, d’azur et d’or, semblaient se mouvoir selon les jeux de l’ombre et de la lumière, occupaient mes yeux. Les enfants de chœur, qui me regardaient beaucoup et à qui je donnais des distractions, tout comme à mon page, l’encens, le pain bénit, etc., me dédommageaient des longueurs du prône. L’arrivée et le départ de la douairière de Lonlay, dans son vieux carrosse à trois chevaux, avec son grand bonnet de dentelles à papillons, sa vaste robe à ramages largement étalée sur son ventre d’hydropique, suivie de son laquais en livrée, qui portait derrière elle le coussin de son prie-dieu et son missel à charnières, n’étaient pas non plus sans intérêt. Je me sentais catholique d’ailleurs, catholique de cœur et d’honneur, depuis le jour où la vieille dame de Bethmann avait dit : Je hais les catholiques.

À dater de ce moment, être catholique, pour moi,