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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/112

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sans quelque scrupule que mon aïeule avait formé cette seconde union : scrupule de mère, à l’endroit d’un fils unique, dont elle craignait d’inquiéter, non les intérêts, car il n’avait rien à attendre après elle, mais l’amitié filiale ; scrupule de veuve aussi, de dame noble qui pensait déchoir. Mais l’attachement profond qu’elle avait inspiré triompha de tout. Cet attachement fut partagé.

Il survécut en elle à celui qui en était le très-digne objet. J’en ai vu encore un témoignage vivant et touchant. M. Lenoir laissait un parent proche, de qui je ne sais rien, si ce n’est qu’il s’appelait Moron et qu’il me paraissait bien drôle avec sa petite queue poudrée. Je le trouvais désagréable aussi quand il me câlinait de sa main sèche et ridée : fastidieux quand il coûtait de longues histoires, les plus insipides du monde. Ma grand’mère, qu’il n’amusait guère plus que moi, le laissait venir néanmoins très-régulièrement deux fois le jour. Deux fois le jour, il lui baisait la main, en lui disant invariablement, selon qu’il était matin ou soir : « Avez-vous bien dormi cette nuit ? » ou « je vous souhaite de bien dormir cette nuit, ma chère amie. »

    Mont de Piété, améliora sensiblement le régime des hôpitaux et des prisons, et fit abolir la torture. Ayant donné sa démission en 1790, il se retira en Suisse, puis à Vienne, et ne rentra en France qu’en 1802.