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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/142

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amoindrie des objets qui nous entouraient ? Tout le secret de l’art n’était-il pas là ? Mon frère et moi, ne représentions-nous pas, sans nous en douter, l’interminable différend des réalistes et des idéalistes ?

Indépendamment des réunions du dimanche, à la Bellangerie, aux Belles-Ruries, à Jallanges, mes parents fréquentaient aussi un voisinage nouveau qui me paraissait agréable. Le célèbre M. Fiévée[1] et son inséparable ami, Théodore Leclercq, venaient d’acheter, pris de nous, la petite terre de Villeseptier, et tous deux ils faisaient beaucoup de frais pour nous y attirer. Tous deux, ils avaient beaucoup d’esprit, avec une renommée d’écrivains qui leur assignait un rang à part, à la fois supérieur et inférieur, dans la compagnie d’ancien régime, assez peu lettrée, qui les accueillait

  1. M. Fiévée, né à Paris en 1707, mort en 1839, ancien préfet de la Nièvre, correspondant de Napoléon I er, de Louis XVIII, adversaire déclaré de la Révolution et du gouvernement parlementaire. Il écrivit pendant plusieurs années dans le Journal des Débats et publia de 1814 à 1820 une correspondance politique et administrative. Son roman La dot de Suzette, publié en 1798, avait eu un très-grand succès ; ses œuvres ont été publiées par J. Janin en 1842. Il conseillait, entre autres, l’établissement de curés-magistrats ; il appelait le clergé la vraie milice des rois. Il était, dit M. Duvergier de Hauranne, le conseiller privé de l’opinion dont M. de Maistre était le prophète et M.de Ronald le philosophe. (Histoire parlementaire.)

    M. Théodore Leclercq, né à Paris en 1777, mort en 1853, publia en 1823 un premier recueil de Proverbes dramatiques qui fut extrêmement goûté dans les salons.