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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/199

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au sort, quel qu’il soit ? Que dire, qu’enseigner dans de telles éducations, qui ne soit puérilité, futilité, vanité qu’un souffle emporte ?

Aussi, non-seulement dans l’enseignement des arts et des lettres, où jamais nous n’entendions parler ni d’Athènes, ni de Rome païenne ou chrétienne, ni de l’antiquité ni de la renaissance[1], ni d’aucune origine ou raison des choses, mais dans l’enseignement scientifique, dans l’histoire falsifiée à notre usage par les Pères de la Foi, et jusque dans l’instruction religieuse des dames du Sacré-Cœur, quel vide, quelle pauvreté, quelle absence d’élévation et de sérieux !

Choisie par les jésuites, avec l’habileté qu’on leur connaît, notre nourriture catholique s’imprégnait de je ne sais quelle saveur fade, bien faite pour nous corrompre le goût et pour nous énerver l’esprit. Ni théologie solide, ni exposition rationnelle des dogmes, ni pénétration de la grande poésie hébraïque, piais une confusion perpétuelle de l’histoire et de la légende, de la doctrine et du miracle, calculée, on pourrait le croire, pour troubler nos jeunes cervelles, pour leur

  1. Jamais on ne nous donnait à étudier en musique, ou en dessin, que des œuvres de la dernière platitude. Jamais ni Mozart, ni Beethoven, ni Raphaël, ni Titien, n’entraient chez nous ; encore bien moins un moulage d’après l’antique. Je me rappellerai toujours une certaine tête de Savoyard dont on me fit, un mois durant, copier et recopier, en en comptant les hachures, le bonnet énorme et informe !