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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/20

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figure de mon père. Avant toute autre chose au monde, je l’aimai, je l’admirai, et c’est à lui que je rapporte, avec la plus vive tendresse, toutes les émotions, toutes les imaginations heureuses de mon heureuse enfance.

Je n’ai jamais pu me figurer rien de plus beau, rien de plus aimable que mon père, et je donnerais beaucoup pour qu’il me fût possible de retracer ici son image telle qu’elle m’apparaît, imposante et charmante, au seuil de ma vie.

Il me faut auparavant dire un mot de la race dont il sortait. L’hérédité du sang, ses effets proches ou éloignés, nous sont trop peu connus encore pour qu’on en puisse parler autrement que par conjectures. Cependant un secret instinct nous avertit qu’il y aurait là beaucoup à chercher ; et, malgré nos préventions contre toute ancienneté, en dépit de nos ostentations démocratiques, il nous plaira toujours de connaître les aïeux de quiconque nous intéresse[1].

Mon père, cela se voyait tout d’abord, était de bonne race française. Les comtes de Flavigny des cendent d’une ancienne famille originaire de la Bourgogne, divisée par la suite en deux branches, dont l’une se transplanta en Lorraine, l’autre en Picardie[2] :

  1. On n’a encore généralisé aucune des lois de la descendance héréditaire dans leurs rapports avec la formation du caractère, dit Buckle. (Histoire de la civilisation en Angleterre, t. I, ch. IV.)
  2. Le chef de la branche picarde, Balthazar de Flavigny, acquit