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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/228

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on croit moins encore à la fidélité conjugale, on s’y soustrait gaiement ; aussi le divorce a-t-il toujours paru chez nous chose complètement inutile. Il serait trop long d’examiner pourquoi, en cette matière, les idées des Français diffèrent complètement du sentiment des Allemands, qui s’en indignent, et de celui des Anglais, qui nous ont sur ce point en grand mépris.

Je me borne à rappeler que, pour une demoiselle de la noblesse, il ne pouvait pas être question, au temps dont je parle, une seule minute, de consulter son cœur dans le choix du mari auquel elle allait remettre toute sa destinée. Le mariage qu’on appelait « de convenance » était seul admis en principe. On ne pouvait différer que dans l’espèce. La naissance, la fortune, la situation, les alliances, « les espérances », c’est-à-dire l’héritage présumé plus ou moins proche, selon l’âge des parents et des grands parents, telles étaient les convenances entre lesquelles il était permis d’hésiter et de choisir.

On ne mariait plus les jeunes filles sans leur aveu. On ne les contraignait pas ; les menaces de couvent, de suppression de dot ou d’héritage, n’étant plus de mise, c’était toujours de son plein gré que la demoiselle à marier donnait sa main. La fiction d’une préférence, d’un penchant soudain qui s’était déclaré chez elle, à première vue, s’accréditait même assez généralement, de vieille femme à vieille femme. La vieille