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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/243

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riage avec l’un ou l’autre de ses collègues en diplomatie. Mais, dans les premières années de ma vie mondaine, je n’accordai à toutes ces demandes que fort peu d’attention.

Comme personne ne me parlait du mariage autrement qu’au point de vue des avantages extérieurs et que je n’avais aucune convoitise ni de grandeurs ni de richesse, comme aussi toutes ces négociations entamées se rompaient avant d’en venir au point où il eût fallu me prononcer sur le mérite ou le charme de la personne qu’on me proposait pour époux, je voyais défiler sous mes yeux des chiffres, des généalogies, des énumérations de titres, de fonctions, des noms de châteaux, etc, sans y chercher autre chose qu’un passe-temps.

Mes jeunes amies, Fanny de Larochefoucauld, Esther Le Tissier, et surtout Lucile, — je n’étais plus aussi liée avec Adrienne de Bizemont, dont les parents ne venaient point à Paris, — ne comprenaient pas mon indifférence en ces matières. Tout à l’ambition d’un mariage brillant, toutes françaises en leur idéal de mariage, sans un atome de cette poésie germanique qui me faisait rêver l’amour éternel dans l’union conjugale, sans inclination romanesque, elles m’entretenaient avec une vivacité extrême des partis qui se présentaient pour elles, elles en balançaient tous les avantages avec une passion où le cœur n’avait certes aucune part.